Chapitre 4 La combinaison des facteurs de production
4.1 Introduction
Avant de commencer…
Découvrez cette anecdote, où l’on retrace la légende d’un destructeur de machines.
« Tout casser »
1780, en Angleterre. Ned Ludd est extrêmement remonté. Ouvrier dans l’industrie textile, la Première Révolution industrielle le rend fou de rage. « Avec ces nouvelles machines, pense-t-il, les ouvriers vont tous finir à la rue ! » Ludd détruit alors deux métiers à tisser, dans un accès de colère.
En faisant cela, il entre dans l’Histoire. Car quelques années plus tard, entre 1811 et 1812, de nombreux ouvriers, craignant de se faire remplacer par des machines, reprennent son geste et détruisent des centaines de machines. Le conflit des « luddites » est particulièrement violent : pour protéger les machines de la colère des ouvriers, le gouvernement anglais va jusqu’à envoyer l’armée !
En fait, on ne sait pas si Ludd a vraiment existé. Seules restent quelques lettres de menace signées d’un certain « Général Ludd », qui ont contribué à forger sa légende. Mais dans l’imaginaire collectif, il est encore bien vivant, et symbolise la peur provoquée par les nouvelles technologies.
Nos plus anciens ancêtres n’avaient rien de mieux qu’un feu de camp pour s’éclairer la nuit. La recette pour produire de la lumière (si elle avait existé) aurait été : rassemblez beaucoup de bois, empruntez un tison enflammé à quelqu’un qui a déjà un feu, puis allumez et entretenez le feu.
- progrès technique
- Un changement de technologie qui réduit la quantité de ressources (travail, machines, terres, énergie, temps) requises pour atteindre une quantité donnée de production.
Durant la plus grande partie de l’histoire de l’humanité, le progrès technique dans le domaine de l’éclairage fut lent. Nous mesurons le progrès technique dans le domaine de l’éclairage au nombre d’unités de luminosité, appelées « lumens », qui peuvent être générées en une heure de travail. Un lumen est à peu près la quantité de luminosité que reçoit un mètre carré au clair de lune. Un lumen-heure (lm-h) est cette quantité de luminosité durant une heure.
La première grande percée technologique en matière d’éclairage eut lieu il y a 40 000 ans, avec l’utilisation de lampes qui brûlaient de l’huile végétale ou animale. En effet, créer de la lumière à partir d’un feu de camp requiert environ une heure de travail pour 17 lm-h, mais la lampe à huile animale produit 20 lm-h pour la même quantité de travail.
À l’époque babylonienne (1750 av. J.-C.), l’invention d’une lampe améliorée consommant de l’huile de sésame permit d’atteindre 24 lm-h par heure de travail. Le progrès technique fut lent : cette amélioration modeste nécessita 7 000 ans.
Trois millénaires plus tard, au début des années 1800, les techniques d’éclairage les plus efficaces (utilisant les chandelles de suif) produisaient environ neuf fois plus de lumière pour une heure de travail que les lampes à huile animale d’autrefois.
- brevet
- Un droit de propriété exclusive d’une idée ou d’une invention, qui dure sur un intervalle de temps spécifique. Durant cette période, le brevet permet à son propriétaire d’être un monopoliste ou son usager exclusif.
- invention
- Le développement de nouvelles méthodes de production et de nouveaux produits.
- innovation
- Le processus d’invention et de diffusion dans son ensemble.
Depuis, l’efficacité de l’éclairage a encore augmenté grâce au développement des lampes au gaz de ville, des lampes à pétrole, des ampoules à filament, des ampoules fluorescentes et d’autres formes d’éclairage. L’invention de la lampe à incandescence (produisant de la lumière en faisant passer de l’électricité dans un filament) a été une avancée majeure par rapport à la lumière produite en brûlant de l’huile ou du kérosène. Après qu’Edison et Swan eurent breveté leurs conceptions des ampoules à lampe incandescente en 1880 et commencé à travailler ensemble en 1883, les améliorations successives du filament générant la lumière ont été des innovations incrémentales dans l’éclairage. Les ampoules compactes fluorescentes inventées en 1992 sont environ 45 000 fois plus efficaces, en termes de temps de production, que les lumières qui existaient deux siècles avant.
- productivité du travail
- Quantité totale produite divisée par le nombre d’heures ou une autre mesure du facteur travail.
Aujourd’hui, la productivité du travail pour obtenir de l’éclairage est 500 000 fois plus élevée qu’au temps de nos ancêtres autour de leur feu de camp. Le Graphique 4.1 représente cette croissance remarquable de l’efficacité de l’éclairage.
William Nordhaus. 1998. ‘Do Real Output and Real Wage Measures Capture Reality? The History of Lighting Suggests Not’. Cowles Foundation For Research in Economics Paper 1078.
- facteurs de production
- La main-d’œuvre, les machines et les équipements (généralement appelés « capital »), les terres et d’autres apports à un processus de production.
- capital humain
- Stock de connaissances, de compétences, d’attributs comportementaux et de caractéristiques personnelles qui déterminent la productivité du travail ou le revenu du travail d’un individu.
- productivité moyenne
- Quantité totale produite divisée par un facteur de production donné, par exemple par travailleur (divisée par le nombre de travailleurs) ou par travailleur et par heure (quantité totale produite divisée par le nombre total d’heures de travail effectuées).
Dans ce chapitre, nous rappellerons que la production d’un bien ou d’un service nécessite le recours à plusieurs facteurs de production (voir le Chapitre 2). Nous montrerons que cette combinaison de facteurs est contrainte par la quantité de facteurs disponibles dans chaque économie et par leurs coûts (Section 4.2). Nous montrerons également que cette combinaison évolue et est optimisée par la diffusion des technologies, des nouvelles organisations du travail ainsi que par l’amélioration du capital humain et de l’accès à l’information (Section 4.3). Nous verrons que les facteurs peuvent contribuer plus ou moins intensément à la production. Nous verrons également que l’efficacité de leur contribution est mesurée par la notion de productivité (Section 4.4). Nous verrons enfin que les gains de productivité sont étroitement liés à l’investissement en capital humain et au progrès technique, ainsi qu’à une meilleure organisation des facteurs de production disponibles (Section 4.5).
Contexte et finalités | Notions |
---|---|
La production d’un bien ou d’un service nécessite le recours à plusieurs facteurs de production. Cette combinaison de facteurs est contrainte par la quantité de facteurs disponibles dans chaque économie et par leurs coûts. Cette combinaison évolue et est optimisée par la diffusion des technologies, des nouvelles organisations du travail ainsi que par l’amélioration du capital humain et de l’accès à l’information. Les facteurs peuvent contribuer plus ou moins intensément à la production. L’efficacité de leur contribution est mesurée par la notion de productivité. Les gains de productivité sont étroitement liés à l’investissement en capital humain et au progrès technique, ainsi qu’à une meilleure organisation des facteurs de production disponibles. |
Les facteurs de production primaires et secondaires : le travail, le capital, les ressources naturelles, l’information. Le capital humain. La substitution ou la complémentarité de facteurs de production les uns par rapport aux autres au sein de la fonction de production. Le rôle de l’investissement dans l’accumulation des facteurs. La productivité globale des facteurs, et gains de productivité. |
4.2 La substitution ou la complémentarité de facteurs de production les uns par rapport aux autres au sein de la fonction de production
- Révolution industrielle
- Une vague d’avancées technologiques et de changements organisationnels qui a commencé en Grande-Bretagne au 18e siècle, et qui a transformé une économie basée sur l’agriculture et l’artisanat en une économie du commerce et de l’industrie.
Bien qu’il y ait eu des inventions tout au long de l’Histoire, l’accélération du processus d’innovation a commencé vers 1750 en Angleterre. De nouvelles technologies majeures furent introduites dans les domaines du textile, de l’énergie et des transports. Leur caractère cumulatif leur a valu le titre de Révolution industrielle.
- côté « demande »
- Le côté d’un marché au sein duquel les participants sont disposés à dépenser de l’argent afin d’acquérir un bien ou un service (par exemple, les consommateurs qui achètent du pain). Voir également : côté « offre ».
Dans le textile, les inventions les plus célèbres concernèrent la filature (activité traditionnellement effectuée par les femmes) et le tissage (traditionnellement effectué par les hommes). En 1733, John Kay inventa la navette volante (Flying Shuttle), qui augmenta considérablement la quantité qu’un tisserand pouvait produire en une heure. Cela provoqua une augmentation de la demande en fil utilisé pour le tissage, à tel point qu’il devint difficile pour les fileuses d’en produire des quantités suffisantes avec la technologie de l’époque, le rouet. La machine à filer (Spinning Jenny) de James Hargreaves, développée en 1764, apporta une réponse à ce problème. Les premières machines avaient huit bobines. Une machine exploitée par un seul adulte pouvait donc remplacer huit fileuses, travaillant sur huit rouets.
Dans cette section, nous nous pencherons sur les points suivants :
- Qu’est-ce qu’une technologie ?
- Comment une entreprise évalue-t-elle le coût de différentes technologies ?
Qu’est-ce qu’une technologie ?
Dans le langage courant, la « technologie » fait référence aux machines, équipements et outils développés grâce au savoir scientifique.
- technologie
- Un procédé transformant un ensemble de matériaux et d’autres facteurs de production, y compris la force de travail et les machines, en production.
En économie, la technologie est un processus qui transforme un ensemble de matériaux et d’autres facteurs de production (input, en anglais) et crée un produit (output, en anglais). Par exemple, une technologie pour la préparation d’un gâteau peut être décrite comme une recette indiquant la combinaison d’inputs (les ingrédients, tels que la farine, et le travail, comme le brassage) nécessaires pour produire l’output (le gâteau). Une autre technologie pour la préparation de gâteaux fait appel à des systèmes de production à grande échelle, mobilisant des machines, des ingrédients et de la main-d’œuvre (les opérateurs de machine). Dans le Chapitre 2, nous avons vu que la main-d’œuvre peut être considérée comme un facteur de production permettant la production de biens et de services. La main-d’œuvre fournit du travail, comme les activités consistant à souder, à assembler et à tester quand on fabrique une voiture.
Supposons que nous demandions à un ingénieur de dresser une liste des technologies disponibles pour produire 100 mètres de drap, lorsque les facteurs de production sont le travail (nombre de travailleurs, chacun travaillant pendant une journée ordinaire de travail, disons 8 heures) et l’énergie (tonnes de charbon). Les cinq points du Tableau 4.2 représentent cinq combinaisons différentes. Par exemple, la combinaison A utilise un travailleur et 6 tonnes de charbon pour produire 100 mètres de drap.
Combinaison | Nombre de travailleurs | Charbon requis (tonnes) |
---|---|---|
A | 1 | 6 |
B | 4 | 2 |
C | 3 | 7 |
D | 5 | 5 |
E | 10 | 1 |
- fonction de production
- Cela décrit la relation entre la quantité produite et les quantités de facteurs de production utilisées à cette fin. La fonction décrit les différentes combinaisons capables de produire la même chose.
- intensif en travail
- Se dit de l’utilisation d’une plus grande quantité de travail dans la production, comparativement aux machines et autres facteurs de production. Voir également : intensif en capital.
Nous appelons cela une fonction de production, car une fonction est une relation entre deux quantités (des facteurs de production et une quantité produite ici). Par exemple, dans le Tableau 4.2, la fonction de production de la combinaison B indique que si 4 travailleurs et 2 tonnes de charbon sont utilisés, alors 100 mètres de drap seront produits. La fonction de production de la combinaison C nous fournit un autre énoncé conditionnel : si 3 travailleurs et 7 tonnes de charbon sont utilisés, alors 100 mètres de drap seront produits. Nous décrivons la combinaison A comme étant relativement intensive en énergie et la combinaison E comme étant relativement intensive en travail.
Quelle combinaison l’entreprise adoptera-t-elle ? Cela nécessite de faire une hypothèse sur ce que l’entreprise tente de faire. Nous considérons qu’elle cherche à réaliser autant de profits que possible, ce qui signifie produire des draps au coût le plus faible possible.
La première étape est d’éliminer les combinaisons qui sont manifestement inférieures. Dans le Tableau 4.2, nous commençons par la combinaison A et regardons s’il existe une combinaison alternative qui nécessite au moins autant de travail et de charbon. La combinaison C est inférieure à A : pour produire 100 mètres de drap, elle requiert plus de travailleurs (3 contre 1) et plus de charbon (7 tonnes contre 6). Nous disons que la combinaison C est dominée par la combinaison A : sachant qu’il faut payer pour tous les facteurs de production, aucune entreprise ne voudrait utiliser la combinaison C quand A est disponible. La combinaison B domine la combinaison D : la même quantité de drap peut être produite en utilisant B avec moins de travail et moins d’énergie.
En utilisant uniquement les informations disponibles sur les facteurs de production, nous pouvons restreindre les choix : les combinaisons C et D ne seront jamais choisies.
Mais comment l’entreprise choisit-elle entre A, B et E ?
Question 4.1 Choisissez la bonne réponse
Le Tableau 4.2 montre différentes combinaisons produisant 100 mètres de drap.
Que pouvons-nous conclure du graphique ?
- La combinaison D utilise plus de travailleurs et moins de charbon, et est ainsi plus intensive en travail que C.
- La combinaison B utilise moins de travailleurs et moins de tonnes de charbon que la technologie D afin de produire la même quantité de drap, elle domine donc D.
- La combinaison A serait plus coûteuse que B, D ou E si le prix du charbon était beaucoup plus élevé que le niveau de salaire.
- La combinaison C est dominée par A puisqu’elle utilise plus de travailleurs et plus de charbon que A. Par conséquent, elle n’est jamais moins coûteuse que A.
Comment une entreprise évalue-t-elle le coût de production associé à différentes technologies ?
- prix relatif
- Le prix d’un bien ou d’un service relatif à un autre (habituellement exprimé sous forme d’un ratio).
Prendre une décision sur une combinaison de production nécessite également une information économique sur les prix relatifs – le coût d’embaucher un travailleur relativement à celui d’acheter une tonne de charbon. Intuitivement, la combinaison E intensive en travail sera choisie si le travail est très bon marché relativement au coût du charbon. La combinaison A intensive en énergie sera préférable dans une situation où le charbon est relativement peu coûteux.
Supposez que le salaire soit de 10 livres sterling et le prix du charbon, 20 livres sterling la tonne. La combinaison B permet clairement à l’entreprise de produire du drap à moindre coût. Les autres combinaisons disponibles ne seront pas choisies à ces prix des facteurs de production.
Combinaison | Nombre de travailleurs | Charbon nécessaire (tonnes) | Coût total (£) |
---|---|---|---|
B | 4 | 2 | 80 |
A | 1 | 6 | 130 |
E | 10 | 1 | 120 |
Salaire de 10 livres sterling, coût du charbon à 20 livres sterling la tonne.
Supposons que le prix du charbon baisse à 5 livres sterling alors que le salaire reste à 10 livres sterling. Le charbon moins cher rend chaque méthode de production moins chère, mais la combinaison intensive en énergie est désormais celle qui est la moins onéreuse.
Combinaison | Nombre de travailleurs | Charbon nécessaire (tonnes) | Coût total (£) |
---|---|---|---|
B | 4 | 2 | 50 |
A | 1 | 6 | 40 |
E | 10 | 1 | 105 |
Salaire de 10 livres sterling, coût du charbon à 5 livres sterling la tonne.
Si une économie qui utilisait la combinaison E passait à la combinaison A ou B, nous dirions qu’elle aurait adopté une combinaison réalisant des « économies de main-d’œuvre », car la quantité de travail utilisée pour produire 100 mètres de drap avec ces deux combinaisons est inférieure à celle utilisée dans la combinaison E.
C’est ce qui s’est passé au cours de la Révolution industrielle. Le Tableau 4.5 résume ces changements apparus à l’occasion de la Révolution industrielle.
Ancienne combinaison | Nouvelle combinaison |
---|---|
Beaucoup de travailleurs | Peu de travailleurs |
Peu de machines (rouets) | Beaucoup de biens d’équipement (machines à filer, bâtiments d’usines, rouets hydrauliques ou machines à valeur) |
…nécessitant seulement de l’énergie humaine | …nécessitant de l’énergie (charbon) |
Intensive en main-d’œuvre | Économe en main-d’œuvre |
Économe en capital | Intensive en capital |
Économe en énergie | Intensive en énergie |
4.3 Le capital humain
Regardez notre vidéo dans laquelle Robert « Bob » Allen, un historien de l’économie, explique pourquoi la Révolution industrielle a eu lieu à une époque et dans une région particulière.
Pourquoi la machine à filer, la machine à vapeur et tout un ensemble d’autres inventions ont-elles émergé et se sont-elles propagées dans l’économie britannique à cette époque ?
Le modèle de la section précédente fournit une hypothèse (une explication possible) aux raisons qui poussent quelqu’un à inventer une telle technologie et à l’adopter. Fondé sur les arguments de Allen, ce modèle donne un rôle central à deux caractéristiques de l’économie britannique à l’époque.1 Dans ce modèle, les producteurs de drap choisissaient entre des technologies qui n’utilisaient que deux facteurs de production – de l’énergie et du travail. Il s’agit d’une simplification, mais cela illustre l’importance des coûts relatifs des facteurs de production pour le choix d’une technologie.
Tout cela reste une hypothèse. Dans les faits, est-ce vraiment ainsi que cela s’est passé ? Le Graphique 4.2 représente le prix du travail relativement au prix de l’énergie dans plusieurs villes au début du 18e siècle. Plus spécifiquement, il s’agit des salaires des ouvriers du bâtiment, divisés par le prix d’un million de BTU (British Thermal Units, une unité d’énergie équivalente à un peu plus de 1 000 joules).
Robert C. Allen. The British Industrial Revolution in Global Perspective. Page 140. Cambridge: Cambridge University Press. 2008.
On constate que le travail était plus cher relativement à l’énergie en Angleterre et aux Pays-Bas qu’en France (Paris et Strasbourg), et bien plus encore qu’en Chine. Les salaires relativement au coût de l’énergie étaient élevés en Angleterre, à la fois parce que les salaires anglais étaient plus élevés que les salaires ailleurs, et parce que le prix du charbon était plus faible en Angleterre, dont le sol en recelait en abondance, que dans les autres pays présentés dans le Graphique 4.2. L’analyse des différences de prix relatifs entre pays et de leur évolution au cours du temps peut nous aider à comprendre pourquoi les technologies comme la machine à filer ont été inventées en Grande-Bretagne et non ailleurs.
- biens d’équipement
- L’ensemble des équipements, bâtiments, matières premières et autres facteurs de productions utilisés dans la production de biens et de services, incluant, le cas échéant, les brevets, ainsi que tout autre type de propriété intellectuelle utilisé.
Nous pouvons utiliser le même raisonnement afin d’expliquer pourquoi cela s’est produit au 18e siècle et pas plus tôt. Le Graphique 4.3 représente l’évolution du coût du travail comparativement au coût des biens d’équipement en Angleterre et en France du 16e siècle jusqu’au début du 19e siècle. Il montre les salaires des ouvriers du bâtiment, divisés par le coût d’utilisation des biens d’équipement. Ce coût est calculé à partir du prix du métal, du bois, de la brique et du coût de l’emprunt, et il prend en compte le taux auquel les biens d’équipement s’usent ou se déprécient.
Robert C. Allen. The British Industrial Revolution in Global Perspective. Page 138. Cambridge: Cambridge University Press. 2008.
Comme on peut le constater, les salaires relativement au coût des biens d’équipement étaient similaires en Angleterre et en France au milieu du 17e siècle, mais à compter de cette date, les travailleurs anglais, contrairement à la France, sont devenus plus coûteux relativement au coût des biens d’équipement. En d’autres termes, les incitations à remplacer les travailleurs par des machines ont augmenté en Angleterre durant cette période, mais pas en France. En France, les incitations à économiser de la main-d’œuvre grâce à des innovations furent plus importantes à la fin du 16e siècle que deux cents ans plus tard, à l’époque où la Révolution industrielle commença à transformer la Grande-Bretagne.
Grâce au modèle développé dans la Section 4.2, nous avons appris que la technologie adoptée dépend du prix relatif des facteurs de production. En combinant les prédictions du modèle avec les données historiques, nous aboutissons à une explication de la date et du lieu d’émergence de la Révolution industrielle :
- Les salaires, relativement au coût de l’énergie et des biens d’équipement, ont augmenté en Grande-Bretagne au 18e siècle, par rapport aux siècles précédents.
- Les salaires, relativement au coût de l’énergie et des biens d’équipement, étaient plus élevés en Grande-Bretagne au 18e siècle qu’ailleurs dans le monde.
Exercice 4.1 La Grande Bretagne oui, mais pas la France
Selon Robert Allen, un historien de l’économie, le coût relativement élevé du travail combiné avec le faible coût des sources d’énergie locales sont à l’origine des changements structuraux de la Révolution industrielle. Quels autres facteurs importants peuvent expliquer l’émergence de technologies intensives en énergie en Grande-Bretagne au 18e siècle ?
L’explication avancée par Allen est loin d’être la seule. Il n’y a pas de doute que le fait que la Grande-Bretagne fut un pays si inventif ait également aidé. Il y avait de nombreux travailleurs qualifiés, des ingénieurs et des fabricants qui pouvaient construire les machines conçues par les inventeurs.
Joel Mokyr, un historien qui a beaucoup étudié l’histoire de la technologie, prétend que si les salaires et les prix de l’énergie peuvent orienter la direction d’une invention dans un sens ou dans l’autre, ils s’apparentent plus à un volant qu’au moteur du progrès technique. Il affirme que les vraies sources du changement technologique sont à chercher dans la révolution scientifique européenne et les Lumières du siècle précédent.2
Jusqu’en 1800, des techniques artisanales traditionnelles, utilisant des compétences transmises de génération en génération, étaient utilisées dans la plupart des procédés de production. Selon Mokyr, cette période amena le développement de nouvelles manières, de transférer et de transformer les connaissances scientifiques des élites en des conseils et des outils pratiques, également appelés le capital humain, à l’intention des ingénieurs et des artisans qualifiés, qui les utilisaient pour construire les machines de l’époque.
Comme nous l’avons vu, le capital prend souvent des formes physiques, comme des machines, des équipements, des outils ou des usines. La notion de capital est aussi parfois utilisée dans un sens plus large comprenant des aspects immatériels, comme la santé, les compétences et la capacité à générer une production (le capital humain).
4.4 Le rôle de l’investissement dans l’accumulation des facteurs
David Landes, un historien, a écrit que la Révolution industrielle fut une « succession de changements technologiques étroitement liés » qui ont transformé les sociétés dans lesquelles ils ont eu lieu. C’est ce qui s’est produit en Angleterre au 18e siècle.3
- système économique
- Les institutions qui organisent la production et la distribution des biens et services dans toute une économie.
- capitalisme
- Un système économique dans lequel la propriété privée, les marchés ainsi que les entreprises jouent un rôle-clé. C’est le contraire d’un régime communiste, où l’État est l’acteur économique le plus important.
- propriété privée
- Le droit de jouir de ses possessions de la manière désirée, en exclure les autres de leur usage, tout en ayant la possibilité de les offrir ou les vendre à des tiers qui deviendront ensuite les nouveaux propriétaires.
- marché
- Un marché est une manière de mettre en relation des personnes qui pourront mutuellement en bénéficier via l’échange de biens et services à travers un processus d’achat et de vente.
- entreprise
- Une organisation économique qui paye des salaires pour employer des individus et achète des facteurs de production dans le but de produire et de commercialiser des biens et services dans l’intention de faire des profits.
Ce phénomène fut associé à l’émergence d’un nouveau système économique appelé « capitalisme », dans lequel (comme nous l’avons vu dans le Chapitre 1) la propriété privée, les marchés et les entreprises jouent un rôle majeur. L’Illustration 4.2 montre que les trois composantes définissant un système économique capitaliste sont des concepts imbriqués.
Le cercle le plus à gauche décrit une économie composée de familles isolées qui détiennent leurs propres biens d’équipement ainsi que les biens qu’elles produisent, mais qui n’échangent pas ou peu avec les autres. Historiquement, des économies comme celles du cercle de gauche ont existé, mais elles ont été bien moins importantes que le système combinant les marchés et la propriété privée (cercle du milieu).
Dans le cercle du milieu, l’essentiel de la production est réalisé par des individus (des cordonniers ou des forgerons, par exemple) ou des familles (par exemple, dans une ferme). Avant 1600, plusieurs grandes économies mondiales ont fonctionné ainsi.
- État
- Au sein d’un territoire donné, la seule entité qui peut dicter aux citoyens ce qu’ils doivent ou ne peuvent pas faire, peut légitimement faire usage de la force et restreindre la liberté d’un individu à cette fin. Connu également sous le terme : pouvoirs publics.
Le trait distinctif du système économique capitaliste est la propriété privée des biens d’équipement, organisés de façon à être utilisés par les entreprises. D’autres systèmes économiques se distinguent par l’importance accordée à la propriété privée des terres, l’esclavage, la détention des biens d’équipement par l’État, ou encore par le rôle limité des entreprises.
Les économies capitalistes diffèrent également des économies précédentes par la quantité de biens d’équipement utilisés dans la production. Les gigantesques métiers à tisser ont, par exemple, remplacé les rouets, et de puissants tracteurs labourent pour accomplir le travail auparavant effectué à la houe.
- actif
- Toute chose de valeur qui est possédée. Voir également : bilan, passif.
- action
- Une partie des actifs d’une entreprise qui peut être échangée. Cela donne à l’actionnaire le droit de recevoir une part des profits de l’entreprise et de bénéficier d’une hausse de la valeur des actifs de l’entreprise. Connu également sous le terme : action ordinaire.
- obligation d’État
- Un instrument financier émis par les États, promettant de payer des flux d’argent à des périodes déterminées.
- investissement
- Dépense dans des biens d’équipement nouvellement produits (machines et équipements) et dans des bâtiments, y compris de nouveaux logements.
Pensez au dirigeant ou au propriétaire d’une entreprise décidant quoi faire de leurs bénéfices accumulés. Le propriétaire peut soit épargner, soit investir dans un nouveau projet. L’épargne peut prendre la forme d’achat d’actifs financiers, tels que des actions dans une entreprise ou des obligations d’État. Bien que dans le langage courant on emploie parfois le terme d’« investissement » pour ces achats, en économie, l’investissement est un achat de biens d’équipement, c’est-à-dire des biens tels que des bâtiments ou des machines .
- technologie d’usage général
- Avancées technologiques ayant des applications à de nombreux secteurs, qui peuvent rapidement être améliorées et engendrent d’autres innovations. Les technologies de l’information et de la communication (TIC) et l’électricité sont deux exemples classiques.
La machine à vapeur de James Watt, développée alors qu’Adam Smith publiait La Richesse des nations, est un exemple typique. Ces machines furent progressivement améliorées sur une longue période et finirent par se généraliser dans toute l’industrie : non seulement dans le secteur minier où la première machine à vapeur actionnait des pompes à eau, mais aussi dans le textile et dans d’autres secteurs manufacturiers, ainsi que dans les transports ferroviaire et maritime. Elles constituent des exemples de ce qu’on appelle une innovation ou une technologie d’usage général, comme l’ordinateur l’a été au cours des dernières décennies.
Exercice 4.2 Le rôle de l investissement pendant la guerre froide
Quel fut le rôle de l’investissement dans la « guerre des étoiles » entre les États-Unis et l’URSS sur la période de la guerre froide ?
4.5 Les facteurs de production primaires et secondaires
Jusqu’à la Révolution industrielle, la technologie d’une économie, comme les compétences nécessaires pour suivre ses recettes, n’évoluait que lentement, et était transmise de génération en génération. La nouvelle ère apporta de nouvelles idées, de nouvelles découvertes, de nouvelles méthodes et de nouvelles machines, rendant obsolètes les anciennes idées et les anciens outils. Ces nouveautés devinrent elles-mêmes obsolètes à mesure que des méthodes plus innovantes apparurent.
Le travail
Avant la Révolution industrielle, le tissage, le filage et la fabrication d’habits pour le foyer étaient des tâches chronophages pour la plupart des femmes. En Angleterre, les femmes célibataires étaient appelées « spinsters » (fileuses), car le filage était leur occupation principale. Eve Fisher, une historienne, a calculé que la fabrication d’une seule chemise demandait 500 heures de filage, et 579 heures de travail au total — coûtant 4 197,25 dollars au salaire minimum actuel des États-Unis.
Qu’apportaient des inventions telles que la machine à filer ? À la fin du 19e siècle, une seule machine à filer exploitée par un très petit nombre de personnes pouvait remplacer plus d’un millier de fileuses. Ces machines ne dépendaient pas de l’énergie humaine. Elles étaient alimentées à l’aide de turbines hydrauliques ou, plus tard, par des machines à vapeur fonctionnant au charbon.
Avec la révolution de la production permise par le progrès technique, le temps nécessaire pour le filage, le tissage et la confection d’une paire de chaussures a chuté de moitié en seulement quelques décennies.
Les progrès techniques furent également notables dans d’autres domaines : la fabrication industrielle de gâteaux connut la même évolution. Ces bouleversements ont marqué le début d’une révolution technologique permanente, car le temps nécessaire à la production de la plupart des biens n’a cessé de diminuer de génération en génération, comme le montre l’exemple de la productivité en termes d’éclairage.
Robert Fogel, un historien de l’économie, a estimé le temps de travail total au cours de l’Histoire, incluant les temps de trajet domicile-travail, ainsi que le travail domestique. Définissant ce qu’il appelait le « temps discrétionnaire » comme valant 24 heures par jour, moins le temps dont nous avons tous besoin pour une sorte de maintenance biologique (sommeil, alimentation et hygiène personnelle), Fogel a défini le temps de loisirs comme étant égal au temps discrétionnaire moins le temps de travail. Il a réalisé des projections pour l’année 2040. Ses estimations sont représentées dans le Graphique 4.4.4
Robert William Fogel. 2000. The Fourth Great Awakening and the Future of Egalitarianism: The Political Realignment of the 1990s and the Fate of Egalitarianism. Chicago: University of Chicago Press.
Il estimait qu’en 1880, au cours d’une vie, le temps de loisirs ne représentait qu’un quart des heures de travail. En 1995, d’après ses calculs, le temps consacré aux loisirs au cours d’une vie était supérieur au temps de travail. Il a également prédit que, en 2040, le temps de loisirs au cours d’une vie serait trois fois plus important que le temps de travail.
Le capital
La série de science-fiction Star Trek se déroule en 2264, à une époque où les humains voyagent à travers la galaxie avec de sympathiques extraterrestres, aidés par des ordinateurs intelligents, une propulsion plus rapide que la lumière et des machines qui créent de la nourriture et des médicaments sur demande.
Alors que la science-fiction émergea au 17e siècle (la nouvelle de Francis Bacon La Nouvelle Atlantide est l’une des premières du genre en 1627), il faudra attendre le 18e siècle pour que chaque nouvelle génération puisse aspirer à une vie différente, façonnée par le progrès technologique, avec de nouvelles technologies majeures introduites dans le textile, l’énergie et les transports.
Ce processus s’est poursuivi par l’introduction de nouvelles technologies dans de nombreuses industries telles que la machine à vapeur, l’électricité, les transports (canaux, chemins de fer, automobiles) et, plus récemment, la révolution du traitement de l’information et de la communication. Le changement technologique structurel est toujours à l’œuvre aujourd’hui.
Les nouvelles technologies importantes ayant des applications dans de nombreuses industries, comme la machine à vapeur, l’électricité et les transports (canaux, chemins de fer, automobiles, avions), sont appelées technologies à usage général.
En réduisant la quantité de temps de travail requis pour produire ce dont nous avons besoin, les avancées technologiques ont permis une amélioration significative des conditions de vie. Hans Rosling affirme que nous devrions « remercier l’industrialisation » d’avoir créé la machine à laver, un appareil qui a transformé le bien-être de millions de femmes.
Les ressources naturelles
Les hommes ont toujours utilisé leur environnement pour obtenir les ressources dont ils ont besoin pour vivre et produire leurs moyens de subsistance : l’environnement physique et la biosphère, qui recouvre l’ensemble des formes de vie sur terre, fournissent des éléments essentiels pour la vie, comme l’air, l’eau et la nourriture. L’environnement offre également les matières premières que nous utilisons dans la production d’autres biens (par exemple, le bois, les métaux ou le pétrole).
Avant la Révolution industrielle, une grande partie de l’énergie utilisée dans l’économie était en fait produite par les plantes comestibles, qui transformaient la lumière du soleil en nourriture pour les animaux et les hommes, ou par les arbres dont le bois pouvait être brûlé ou transformé en charbon de bois.
Le charbon joua un rôle central dans la Révolution industrielle. La Grande-Bretagne en avait en abondance. En optant pour le charbon, les hommes purent exploiter de vastes réserves de ce qui sont, essentiellement, des stocks d’énergie solaire. Cela ne s’est pas arrêté avec la Révolution industrielle.
Le coût est l’impact environnemental associé à la combustion d’énergies fossiles, comme nous l’avons vu dans le Chapitre 1 et le verrons de nouveau dans le Chapitre 5. Néanmoins, il ne fait aucun doute que la révolution technologique permanente – qui a débouché sur la dépendance aux énergies fossiles – constitue également une partie de la solution aux problèmes environnementaux que nous connaissons aujourd’hui. Dans le domaine de l’éclairage, la révolution technologique permanente a permis de produire davantage de lumière avec moins de chaleur, épargnant ainsi les ressources naturelles – du bois de chauffage aux combustibles fossiles – nécessaires à la production de chaleur. Les augmentations importantes au cours de l’Histoire, et en particulier depuis le milieu du 19e siècle, ont eu lieu en grande partie parce que la quantité de lumière produite par unité de chaleur (émise, par exemple, par un feu de camp, une bougie ou une ampoule) a considérablement augmenté. Les progrès actuels de la technologie peuvent permettre un plus grand recours à l’énergie éolienne, solaire et aux autres sources d’énergies renouvelables.
L’information
- taylorisme
- Innovation dans la gestion qui a pour but de réduire le coût du travail, par exemple en divisant les emplois qualifiés en plusieurs tâches demandant peu de qualifications dans l’optique de diminuer les salaires.
Rappelez-vous qu’une technologie est un ensemble d’instructions permettant de combiner des facteurs de production pour fabriquer un produit. Une innovation technologique peut également faire référence à de nouvelles méthodes d’organisation du travail. La révolution managériale du début du 20e siècle, appelée le taylorisme, en est une bonne illustration : la main-d’œuvre et les biens d’équipement furent réorganisés en un processus rationalisé avec de nouveaux systèmes de supervision pour augmenter l’effort des travailleurs. Depuis plus récemment, la révolution des technologies de l’information permet désormais à un ingénieur d’être connecté avec des milliers d’autres ingénieurs et de machines partout dans le monde.
La révolution technologique permanente a créé un monde connecté. Tout le monde en fait partie. Les ressources mobilisées pour ce manuel d’introduction à l’économie ont été écrites par des équipes d’économistes, des graphistes, des programmeurs et des éditeurs, travaillant ensemble – souvent de manière simultanée – sur des ordinateurs au Royaume-Uni, en Inde, aux États-Unis, en Russie, en Colombie, en Afrique du Sud, au Chili, en Turquie, en France, et dans bien d’autres pays.
4.6 La productivité globale des facteurs et les gains de productivité
Revenons au Graphique 4.1 qui présentait la productivité « apparente » du travail pour la production de lumière. Le terme « apparente » rappelle que la productivité dépend de l’ensemble des facteurs de production – incluant la main-d’œuvre et les machines – et la façon dont ils sont combinés : la productivité du travail ne tient compte que du seul facteur travail comme input mis en œuvre.
La productivité globale des facteurs (PGF) reflète l’efficacité globale avec laquelle les facteurs travail et capital sont utilisés conjointement dans le processus de production. La variation de la PGF est mesurée en tant que résidu, c’est-à-dire la part de la variation de la production qui ne peut pas être expliquée par les variations des inputs de main-d’œuvre et de capital. En d’autres termes, si les inputs de main-d’œuvre et de capital demeurent inchangés entre deux périodes, toute variation de la production reflète l’évolution de la PGF.
Cette mesure est donc la meilleure mesure disponible pour l’effet sous-jacent de l’innovation et du progrès technique sur la variation de la production.
4.7 Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons étudié différentes hypothèses pour expliquer comment la Révolution industrielle s’est produite pour la première fois au 18e siècle, sur une île au large des côtes européennes. En effet, il s’agit d’une des questions les plus importantes de l’histoire économique. Les historiens continuent d’ailleurs d’en débattre.
Nous avons vu que les prix relatifs du travail, de l’énergie et du capital peuvent aider à expliquer pourquoi les technologies économes en main-d’œuvre de la Révolution industrielle ont d’abord été adoptées en Angleterre, et pourquoi à cette époque le progrès technologique fut plus rapide en Angleterre comparativement au continent européen, et plus rapide encore comparativement à l’Asie.
Avant de continuer…
Illustrez les notions suivantes par un exemple issu de ce chapitre :
- Les facteurs de production primaires et secondaires.
- Le capital humain.
- La substitution ou la complémentarité de facteurs de production les uns par rapport aux autres au sein de la fonction de production.
- Le rôle de l’investissement dans l’accumulation des facteurs.
- La productivité globale des facteurs et gains de productivité.
4.8 Références bibliographiques
- Allen, Robert C. 2009. ‘The Industrial Revolution in Miniature: The Spinning Jenny in Britain, France, and India’. The Journal of Economic History 69 (04) (November): p. 901.
- Allen, Robert C. 2011. Global Economic History: A Very Short Introduction. New York, NY: Oxford University Press.
- Landes, David S. 1990. ‘Why are We So Rich and They So Poor?’. American Economic Review 80 (May): pp. 1–13.
- Landes, David S. 2003. The Unbound Prometheus: Technological Change and Industrial Development in Western Europe from 1750 to the Present. Cambridge, UK: Cambridge University Press.
- Landes, David S. 2006. ‘Why Europe and the West? Why not China?’. Journal of Economic Perspectives 20 (2) (June): pp. 3–22.
- Mokyr, Joel. 2004. The Gifts of Athena: Historical Origins of the Knowledge Economy, 5th ed. Princeton, NJ: Princeton University Press.
- Smith, Adam. (1776) 2003. An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations. New York, NY: Random House Publishing Group.
-
Robert C. Allen. 2011. Global Economic History: A Very Short Introduction. New York, NY: Oxford University Press. ↩
-
Joel Mokyr. 2004. The Gifts of Athena: Historical Origins of the Knowledge Economy, 5th ed. Princeton, NJ: Princeton University Press. ↩
-
David S. Landes. 2003. The Unbound Prometheus: Technological Change and Industrial Development in Western Europe from 1750 to the Present. Cambridge: Cambridge University Press. ↩
-
Robert William Fogel. 2000. The Fourth Great Awakening and the Future of Egalitarianism: The Political Realignment of the 1990s and the Fate of Egalitarianism. Chicago: University of Chicago Press. ↩