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Chapitre 8 Le pouvoir d’achat des ménages

8.1 Introduction

Avant de commencer…

Découvrez cette anecdote, où l’on apprend que l’économie et la politique ne sont pas toujours sur la même longueur d’onde.

« Paroles, paroles »

1972, en Allemagne, à Dortmund. Devant une foule de 10 000 personnes, Helmut Schmidt, le ministre allemand de l’Économie et des Finances, fait une promesse : à l’avenir, sa politique permettra de faire baisser à la fois le niveau du chômage et celui de l’inflation !

Mais Helmut s’est un peu emballé. D’ailleurs, le lendemain, dans la presse, un professeur d’économie le rappelle à l’ordre : quand le chômage baisse, l’inflation augmente, et inversement !

Diplômé en économie, Helmut le sait pourtant bien. Mais comment l’avouer à son auditoire ? Il est en campagne électorale et il doit gagner des voix, et personne n’aime ni un chômage élevé ni une inflation élevée !

Avant la campagne présidentielle victorieuse de Bill Clinton en 1992, de nombreux Américains avaient perdu leur emploi, et son slogan de campagne (« The economy, stupid! » littéralement, « L’économie, idiot ! ») porta ce problème à l’attention des électeurs.

Au moment du dépouillement des votes en novembre 1992, Clinton reçut presque 6 millions de votes de plus que George H. W. Bush, le président sortant.

Illustration 8.1 Bill Clinton (1992).

Par Kenneth C. Zirkel. Note : Bill Clinton le 4 octobre 1992 lors d’un rassemblement électoral à l’université d’État de Caroline du Nord à Raleigh.

démocratie
Un système politique, qui idéalement confère à tous les citoyens un égal pouvoir politique, défini par des droits individuels tels que la liberté de parole, de rassemblement et de presse ; des élections justes pour lesquelles toute personne adulte est éligible pour voter ; et où le perdant à l’issue de ces élections quitte le pouvoir.

Dans une démocratie, les résultats des élections sont toujours influencés par l’état de l’économie et de l’opinion publique vis-à-vis des compétences économiques du gouvernement et de l’opposition.

chômage
Une situation dans laquelle une personne qui a la capacité et la volonté de travailler n’est pas employée.
inflation
Une hausse du niveau général des prix dans l’économie. Mesurée habituellement sur un an. Voir également : déflation, désinflation.

En 2002, les économistes Andrew Clark et Andrew Oswald ont mesuré l’effet des événements importants de la vie sur le niveau de bonheur déclaré par les personnes lorsqu’elles sont interrogées. Ils ont calculé qu’un Britannique aurait besoin en moyenne d’une compensation de 15 000 livres (22 500 dollars) par mois après avoir perdu son travail pour être aussi heureux que lorsqu’il était en activité. Ce montant est bien supérieur à la seule perte de salaire (qui était à l’époque de 2 000 livres par mois, en moyenne). Cela tient au fait que le chômage réduit drastiquement l’estime de soi et conduit à une réduction bien plus grande du bonheur. Perdre son travail est une épreuve difficile qui engendre du stress. Le chômage est considéré comme l’un des événements les plus stressants dans une vie, au même titre qu’une maladie grave ou un divorce.

Deux causes économiques de défaites politiques sont le chômage et l’inflation. De nombreux éléments montrent qu’être au chômage ou craindre de l’être est une source majeure de mal-être pour les personnes. Cependant, pourquoi n’aiment-elles pas l’inflation ?

revenu
Le montant de profits, d’intérêts, de rentes, de salaires, et les autres paiements (y compris les transferts de l’État) reçus, net des impôts payés, mesuré sur une période donnée telle qu’une année. Le revenu correspond à la quantité maximale qu’un individu peut consommer sans modifier son patrimoine. Connu également sous le terme : revenu disponible. Voir également : revenu brut.

L’inflation est une augmentation du niveau général des prix dans l’économie, généralement mesurée sur une année. Pour certaines personnes, comme les retraités, les revenus sont fixés en termes nominaux, ce qui implique qu’elles reçoivent un montant fixe d’euros, de dollars ou de yuans. Si les prix dans l’économie augmentent au cours de l’année, ces personnes peuvent acheter moins de biens et services à la fin de l’année qu’elles ne le pouvaient au début. Leur situation se dégrade et elles auront tendance à ne pas voter pour un parti qui, selon elles, pourrait laisser s’installer une inflation élevée.

revenu disponible
Le revenu accessible après paiement des impôts et réception des transferts de l’État.

Dans ce chapitre, nous verrons que le pouvoir d’achat mesure la quantité de biens et services qu’un ménage peut acquérir étant donné le revenu dont il dispose (Section 8.2). Aussi, une hausse des prix plus importante que celle du revenu disponible se traduit-elle par une baisse du pouvoir d’achat (Section 8.3). Nous verrons également que, sur le long terme, en France, on observe jusqu’à présent une amélioration du pouvoir d’achat des ménages, même si celle-ci peut être très inégale (Section 8.4).

Contextes et finalités Notions
Le pouvoir d’achat mesure la quantité de biens et services qu’un ménage peut acquérir étant donné le revenu dont il dispose. Aussi, une hausse des prix moins importante que celle du revenu disponible se traduit-elle par une augmentation de son pouvoir d’achat. Sur le long terme, on observe jusqu’à présent une amélioration du pouvoir d’achat des ménages, même si celle-ci peut être très inégale. Le panier de biens.
L’indice des prix à la consommation.
L’évolution à long terme du pouvoir d’achat.

Tableau 8.1 Le pouvoir d’achat des ménages : notions, contextes et finalités.

8.2 Le panier de biens

Pour comprendre comment l’inflation est mesurée, prenez l’exemple de votre barre chocolatée préférée. Si son prix passe durant l’année de 0,50 à 0,55 euro, comment savoir si c’est un symptôme de l’inflation de l’économie ? Autrement dit, qu’en est-il des prix d’autres dépenses ?

Pour savoir ce qu’il s’est passé pour tous les prix de l’économie et répondre à cette question, on choisit un énorme panier de biens et services qui rend compte des dépenses d’un ménage ordinaire de l’économie. Prenez le panier de courses et remplissez-le avec tous les biens et services que le ménage achète en janvier. Est-ce que le prix de ce même panier géant a augmenté quand vous vérifiez les prix en janvier de l’année suivante ?

En principe, le panier devrait contenir tous les biens et services achetés par les ménages et leurs prix, mesurés dans chaque magasin ou point de vente qui les fournit. Cependant, il serait dispendieux et inutile d’essayer de collecter les prix de chaque chose, compte tenu des milliers de produits différents pouvant être achetés dans les magasins et en ligne. Comment construire alors un énorme panier de courses représentatif de la consommation de l’ensemble de la population ?

En pratique, il existe des biens et des services spécifiques pour lesquels les dépenses d’un ménage ordinaire sont si importantes qu’elles méritent d’être incluses dans le panier de biens à part entière, par exemple des services comme l’électricité, le gaz et l’eau. Des dépenses coûteuses uniques comme les vacances, les réfrigérateurs et les voitures sont également incluses dans le panier.

Plus communément, on doit effectuer une sélection de biens et services spécifiques qui donnent une indication fiable sur les variations des prix d’une gamme plus large d’achats similaires. La sélection est basée sur les recherches de divers indicateurs possibles qui pourraient être utilisés, à la fois à l’aide de données d’études de marché et par le biais d’enquêtes dans des points de vente à travers le pays. Par exemple, la variation du prix des pelles de jardinage peut être considérée comme la représentation des variations du prix des autres outils de jardinage.

En France, la liste des biens et services sélectionnés et celle des points de vente suivis par les enquêteurs ne sont connues que des statisticiens de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) chargés du calcul de l’évolution des prix, et ceci pour éviter toute manipulation de l’inflation. Ce panier est mis à jour chaque année pour tenir compte des changements dans les habitudes de consommation des ménages. Certains articles sont retirés du panier et d’autres sont ajoutés pour s’assurer que les mesures sont à jour et représentatives des habitudes de consommation des ménages.

Au Royaume-Uni, le panier de biens a vu le jour en 1947. Les habitudes d’achat des consommateurs britanniques ont évolué au fil du temps, de sorte que les produits et services contenus dans le panier britannique ont également changé pour garantir sa représentativité.

Alors que certains articles changent chaque année, de nombreux biens et services des ménages sont dans le panier depuis très longtemps : les articles de tous les jours comme le pain et le lait sont inclus depuis le tout premier panier en 1947, tandis que l’essence et le diesel y sont depuis 1987. La plupart des articles sont en fait conservés dans le panier au fil du temps. La gamme de produits achetés par les ménages a également augmenté, tout comme le panier, passant d’environ 150 biens et services en 1947 à plus de 700 aujourd’hui.

Illustration 8.2 Le panier de biens britannique.

Bureau national de la statistique. Note : les articles affichés dans le schéma ne sont qu’une sélection d’articles qui ont été ajoutés ou retirés du « panier », et non une liste complète des articles.

Exercice 8.1 Le panier de biens

  1. Si l’inflation est cette année de 2,5 %, alors quel est le prix courant du panier de courses représentatif, qui coûtait 100 euros l’an dernier ?
  2. Pourquoi le panier de biens est-il régulièrement mis à jour ?

8.3 L’indice des prix à la consommation

Comme les prix des différents articles du panier changent avec le temps, le coût total du panier change également.

indice des prix à la consommation (IPC)
Une mesure du niveau général des prix payés par les consommateurs pour acquérir des biens et services, incluant les taxes sur la consommation.

Les évolutions de l’indice des prix à la consommation (IPC) représentent l’évolution du coût du panier d’achat. Un indice est construit en additionnant les valeurs de plusieurs variables en une seule valeur, et est utilisé comme mesure récapitulative d’un phénomène d’intérêt. Ainsi, l’indice des prix à la consommation mesure le niveau général des prix payés par les consommateurs pour acquérir des biens et services, taxes à la consommation comprises. Les indices sont souvent utilisés pour résumer un grand nombre de variables différentes (décrivant toutes un élément ou un phénomène donné) en une valeur unique qui peut donner une description générale de ce qui se passe.

Les biens et services du panier sont pondérés en fonction de la part qu’ils représentent dans les dépenses totales du ménage (voir Chapitre 9). On réalise en fait une moyenne pondérée des prix unitaires, prenant en compte le poids de chacun des produits dans la consommation moyenne. Plus un produit est consommé, et plus son prix aura une incidence sur l’évolution globale des prix des biens et services. Ces poids sont revus et mis à jour chaque année pour refléter les modes de consommation des ménages.

  Pondération
Alimentation 1 604
Tabac 1 374
Énergie 806
Produits manufacturés 2 491
Services 4 894
Ensemble 10 000

Tableau 8.2 Indice des prix à la consommation (2020).

Insee, comptes nationaux, base 2014.

Exercice 8.2 Simulateur d’indice des prix personnalisé

Le taux d’inflation national ne reflète pas nécessairement le taux d’inflation personnalisé. Pour calculer un taux d’inflation personnalisé et son écart par rapport au taux national, le simulateur d’indices des prix personnalisé de l’Insee présente sur une courbe l’évolution de l’indice des prix à la consommation (IPC) depuis janvier 2000. Il permet ensuite de calculer un indice personnalisé et d’en visualiser l’évolution, ou d’afficher les évolutions des indices des prix des grands groupes de produits.

  1. Décrivez les évolutions des indices de cette sélection de produits sur la période :
    • Alimentation
    • Eau
    • Gaz
    • Tabac
    • Communications
  2. Modifier la part des différents produits pour les adapter à chaque budget, décrivez les différentes évolutions.

L’IPC s’appuie sur ce que les consommateurs achètent effectivement. On y retrouve le prix de la nourriture et des boissons, du logement, de l’habillement, des transports, des loisirs, de l’éducation, des outils de communication, des soins de santé, ainsi que d’autres biens et services. En revanche, l’IPC exclut les produits exportés, qui sont consommés par des résidents étrangers, mais inclut les produits importés, qui sont consommés par les ménages de l’économie domestique.

On s’appuie généralement sur les fluctuations de l’IPC sur l’année passée pour mesurer l’inflation. Le Graphique 8.1 illustre les taux d’inflation dans quatre pays ainsi que leurs évolutions dans le temps.

Graphique 8.1 Le taux d’inflation pour quelques économies (2008–19).

Commission européenne, Eurostat (base de données).

En vous appuyant sur ce graphique, répondez aux questions suivantes :

Comment l’inflation a-t-elle évolué dans les économies et sur la période considérées ?

Dans les économies et sur la période considérées, l’inflation a connu des fluctuations similaires. Cependant, les pics et les creux sont plus prononcés aux États-Unis.

Comment interpréter l’inflation en France et aux États-Unis en 2015 ?

En 2015, l’inflation est presque nulle en France. Cela signifie que les prix sont restés stables. En revanche, aux États-Unis elle est négative. Cela signifie que les prix ont baissé.

Imaginons que les revenus nominaux de vos parents soient les mêmes en 2008 et 2019. Que constateriez-vous ?

Si leurs revenus nominaux sont les mêmes, alors leurs revenus réels ont baissé entre 2008 et 2019.

Comme nous l’avons vu, une inflation très élevée réduira à néant la valeur des termes réels, comme ce fut le cas au Zimbabwe en 2008–09.

Pour savoir dans quelle mesure l’inflation génère des pertes ou des gains pour une personne, il faut également savoir de quel côté du marché du crédit cette personne se trouve (voir Chapitre 10). Afin de comprendre ce que cela signifie, supposez que Julia doive emprunter 100 euros à Marco, avec un remboursement de 110 euros l’année suivante. Toutefois, si l’année suivante les prix étaient 6 % plus élevés que l’année en cours (taux d’inflation de 6 %), alors ce que Marco pourrait acheter avec le montant qui lui est remboursé ne représenterait pas 10 % de plus que ce qu’il aurait pu acheter avec l’argent prêté à Julia, mais seulement 4 % de plus.

Il n’y a aucune preuve qu’une inflation modérée est mauvaise pour l’économie, en revanche, lorsque l’inflation est élevée, elle est également volatile et, par conséquent, difficile à prédire. Les grandes variations de prix créent de l’incertitude, et il est plus difficile pour les particuliers et les entreprises de prendre des décisions fondées sur les prix.

La situation des ménages et des entreprises serait-elle meilleure avec la baisse des prix ?

déflation
Une baisse du niveau général des prix. Voir également : inflation.
désinflation
Une baisse du taux d’inflation. Voir également : inflation, déflation.

Avant de répondre à cette question, nous devons clarifier quelques termes. Quelle est la différence entre l’inflation, la déflation et la désinflation ?

Une analogie automobile est utile pour réfléchir à ces différences. Nous pouvons comparer l’incidence sur le niveau des prix dans l’économie avec la position initiale d’une voiture et la distance parcourue quand la voiture roule à des vitesses différentes :

Une baisse prolongée du niveau des prix est indésirable pour bon nombre de raisons qui expliquent également pourquoi l’inflation est indésirable, et pourrait même avoir des conséquences économiques encore plus dramatiques.

En cas de diminution des prix, les ménages reporteront dans le temps leur consommation (en particulier les biens onéreux, comme les réfrigérateurs, les écrans de télévision et les voitures), car ils anticipent que ces biens seront moins chers dans le futur.

De plus, la déflation augmente le poids de la dette des emprunteurs, pour la même raison que l’inflation le réduit.  Comme nous l’avons vu au Chapitre 7, si la valeur de votre dette augmente, cela diminue votre patrimoine net et diminue votre patrimoine par rapport à votre cible. Cela devrait augmenter votre épargne de précaution et votre consommation devrait baisser.

La diminution de la consommation générera une baisse de la demande agrégée et de l’activité économique. Des dépenses globales plus faibles tendent à faire diminuer plus encore les prix et peuvent engendrer un cercle vicieux de baisse des prix et de stagnation économique.

C’est ce qui est arrivé au Japon. Pour la première fois dans une économie avancée après la Seconde Guerre mondiale, une déflation persistante s’est installée : celle-ci fut observée pour une durée équivalente à 12 ans sur une période de 21 ans entre 1995 et 2015.

8.4 Évolution à long terme du pouvoir d’achat

Prenez le salaire net moyen. En 1995, celui-ci permettait d’acheter jusqu’à 65 paquets de pâtes par jour. En 2015, il permettait d’en acheter 94 par jour. Le pouvoir d’achat dépend de deux éléments :

Les évolutions de l’IPC, ou l’inflation de l’IPC ont vocation à refléter les évolutions du « coût de la vie ». Le pouvoir d’achat augmente si le revenu disponible augmente plus vite que l’inflation. Si le revenu disponible augmente moins vite que l’inflation, alors le pouvoir d’achat diminue. Le pouvoir d’achat reste stable si le revenu disponible augmente ou baisse dans les mêmes proportions que l’inflation. Le Tableau 8.3 montre la quantité de biens et services qu’un salaire net moyen peut acheter par jour en 1995 et 2015.

  1995 2015
Pâtes 65 paquets par jour 94 paquets par jour
Baguettes 84 baguettes par jour 85 baguettes par jour
Fioul domestique (livré à domicile) 166 litres par jour 101 litres par jour

Tableau 8.3 Quantité de biens et services qu’un salaire net moyen peut acheter (1995-2015).

Insee, comptes nationaux, base 2014.

En vous appuyant sur ce tableau, répondez aux questions suivantes :

Fallait-il travailler plus longtemps en 2015 qu’en 1995 pour acheter du fioul domestique ? Et pour acheter des pâtes ?

En 1995, le salaire net moyen permettait d’acheter 166 litres de fioul domestique par jour, contre 101 litres en 2015. En moyenne, il fallait donc travailler plus longtemps en 2015 qu’en 1995 pour acheter du fioul domestique. Il fallait en revanche travailler moins longtemps en 2015 qu’en 1995 pour acheter des pâtes.

Combien de baguettes un salaire net moyen peut-il acheter en 1995 et en 2015 ? Que constatez-vous ? Qu’en déduisez-vous ?

En 1995, comme en 2015, avec un salaire net moyen, on pouvait acheter 84 baguettes par jour. Il fallait donc en moyenne travailler autant en 1995 et en 2015 pour acheter ce produit.

Question 8.1 Complétez le tableau

Situation Son pouvoir d’achat…
Audrey a bénéficié d’une augmentation de salaire de 2 % alors que, dans le même temps, les prix ont augmenté de 2,5 %.
Bastien a stabilisé son salaire et, dans le même temps, les prix ont chuté de 0,5 %.
Imane n’a pas eu la possibilité de réaliser des heures supplémentaires cette année. Ses revenus ont baissé de 2 %. Sur la même période, les prix ont chuté de 2,5 %.
Madison a vu son salaire augmenter de 3 %. Sur la même période, les prix ont augmenté de 3 %.

Exercice 8.3 Le pouvoir d’achat des ménages

Regardez la vidéo « Trois minutes pour comprendre le pouvoir d’achat » de Dessine-moi l’éco. En vous appuyant sur cette vidéo, expliquez pourquoi le sentiment des ménages sur la hausse ou la baisse de leur pouvoir d’achat diffère-t-il souvent des données statistiques de l’Insee.

Comment a évolué le pouvoir d’achat des Français ? Pour mieux refléter les situations familiales, l’Insee mesure le revenu et le pouvoir d’achat par unité de consommation. Dans un foyer, le premier adulte compte pour une unité de consommation, chaque personne supplémentaire ayant plus de 14 ans pour 0,5 unité de consommation. Chaque enfant de moins de 14 ans compte pour 0,3 unité de consommation.

Graphique 8.2 Pouvoir d’achat par unité de consommation (1960-2018).

Insee, comptes nationaux, base 2014. Notes : En 1973 et 1974, les pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui représentent ensemble environ 40 % de la production mondiale de pétrole actuelle, imposèrent un embargo partiel sur le pétrole en réponse à la guerre au Moyen-Orient de 1973–74, et en 1979 et 1980, la production de pétrole de l’Iran et de l’Irak chuta à cause des perturbations dans l’approvisionnement qui suivirent la Révolution iranienne et le déclenchement de la guerre Iran-Irak.  Le prix du pétrole (en dollars américains de 2014) passe de 18 $ le baril en 1973 à 56 $ en 1974, puis à 106 $ en 1980, tandis qu’en comparaison la consommation mondiale de pétrole ne chute que faiblement après ces deux chocs de prix (-2 % entre 1973 et 1975, et -10 % entre 1979 et 1983).

À long terme, on distingue clairement que la tendance est à la hausse, avec une accélération importante dans les années 1960. Cependant, cette tendance fut interrompue en 1979 et 2008, années au cours desquelles eurent lieu le deuxième choc pétrolier et la Grande Récession.

Les inégalités restent stables. Une mesure utile des inégalités dans un pays est appelée le « rapport interdécile D9/D1 (rapport du 9e décile au 1er décile) ». Celui-ci met en évidence l’écart entre le revenu (ou le niveau de vie) minimal des 10 % des ménages les plus riches et le revenu maximal des 10 % des ménages les plus pauvres. En considérant la distribution du revenu disponible des ménages rapporté au nombre d’unités de consommation, en 2015 en France métropolitaine, le rapport D9/D1 s’établissait à 3,5, un niveau relativement stable depuis 1996.

8.5 Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons vu que le pouvoir d’achat des ménages désigne leur capacité à acquérir des biens et des services à partir de leur revenu disponible. L’évolution du pouvoir d’achat dépend de l’évolution, d’une part, du revenu disponible et, d’autre part, de celle des prix.

Nous avons vu également que l’évolution des prix est mesurée à partir de l’indice des prix à la consommation. Cet indicateur, qui est calculé tous les mois par l’Insee, s’appuie sur un panier de biens et services représentatif des habitudes de consommation des ménages sur le territoire national.

Au cours des cinquante dernières années, le pouvoir d’achat des ménages français a sensiblement augmenté, sa répartition peut cependant être très inégale, même si depuis vingt ans les inégalités restent stables.

Avant de continuer…

Illustrez les notions suivantes par un exemple issu de ce chapitre :

  • L’indice des prix à la consommation.
  • Le panier de biens.
  • L’évolution à long terme du pouvoir d’achat.

8.6 Références bibliographiques